mardi 21 octobre 2008

Happy (birth)day

Aujourd'hui, c'est son anniversaire, il aurait eu 58 ans.
Aujourd'hui, c'est son anniversaire et il est mort depuis 65 jours.
Toi, maman, tu pleures. Tu te sens mal, il te manque. Mais malgré ça, tu continues d'avancer. Tu te bats contre son fils pour honorer la mémoire de son père, le testament n'est pas en sa faveur et ça l'énerve, il te cherche des problèmes, te menace alors que tu seras la seule à avoir soutenu son père toute sa vie. Ce soir, en sa mémoire, tu t'es laissée invitée au restaurant grec par ta meilleure amie. Parce que cet été, s'il n'avait pas été malade, vous auriez dû partir en vacances en Grèce. Petit clin d'oeil. Que je ne comprends pas trop mais c'est ton choix. Je ne pourrais pas aller au restaurant le jour de l'anniversaire de mon amour s'il était mort ...

Aujourd'hui, c'est son anniversaire, il aurait eu 58 ans.
Il est mort depuis 65 jours et depuis sa mort, j'ai retrouvé ma mère. Je sais enfin ce que c'est d'en avoir une.
Tu me poses des questions sur moi, sur ma vie, tu t'y intéresses, tu essaies de m'aider dès que tu sais que ça ne va pas très bien pour certaines choses, tu recommences à venir chez moi régulièrement, ce que tu ne faisais plus depuis 3 ans.
Tu fais des projets : te chercher un appartement dès que la maison sera vendue, avoir un perroquet comme animal de compagnie, partir l'année prochaine en vacances. En Grèce, comme il aurait voulu. Tu parles de prendre des cours de diction, tu adorais ça quand tu étais ado ! T'acheter un ordinateur et surfer sur internet alors que tu n'as jamais touché un clavier de toute ta vie.
Je suis heureuse de voir que tu ne sombres pas malgré la douleur de l'avoir perdu.

Aujourd'hui, c'est son anniversaire, il aurait eu 58 ans.
65 jours qu'il est mort et moi, je vais bien. Tout ne roule pas toujours très bien dans ma vie, j'ai quelques petits soucis, comme tout le monde, mais rien de bien grave. Le pire sont mes problèmes relationnels avec les gens, des problèmes au niveau sentimental aussi. Mon incapacité à me lier vraiment aux autres, mon habitude à toujours rester sur la défensive, à ne pas faire confiance. Mon incapacité à gérer une relation depuis plus de deux ans, et encore moins à tourner la page. Et mon incapacité à aimer une des rares personnes qui ne me fait que du bien depuis que je l'ai rencontré, comme si je ne croyais pas qu'il puisse être vraiment gentil et correct avec moi, comme si je n'avais pas droit au bonheur. Je m'interdis en fait d'être heureuse, par peur de voir ce bonheur brisé.

Aujourd'hui, c'est son anniversaire, il aurait eu 58 ans.
65 jours qu'il est mort et ... je suis heureuse qu'il le soit.

mercredi 1 octobre 2008

On n'oublie jamais rien, on vit avec

45 jours qu'il est décédé.
45 jours que mon cauchemard est terminé. Enfin, presque.
Parce que oui, le souvenir de ces moments horribles reste à jamais gravé en moi.
Je me souviens l'odeur de ton sang, maman, quand il te battait et te laissait pour morte à même le sol. Je me souviens de l'odeur de la bière et de la cigarette, mélange nauséeux qu'il a fallu supporter pendant si longtemps. Je me souviens du bruit de ta tête heurtant le bord de la baignoire, les coups successifs et incessants. Je me souviens de tes cris me réveillant la nuit.
Et je me réveille encore en sursaut, en sueur, 15 ans plus tard.
Mais les choses ont changé. Il n'est plus là.
Il faut maintenant s'habituer à son absence et à la liberté retrouvée. C'est dingue comme je vois les choses autrement, comme nos vies ont déjà changé en si peu de temps. Au delà de ta tristesse, je te vois doucement revivre, reprendre goût aux choses simples, celles que tu avais oubliées.
Depuis le jour de sa mort, tu t'intéresses à moi, à ma vie professionnelle, à mes amours. Je ne savais pas ce que c'était d'avoir une mère, maintenant je sais.
Je n'en ai pas l'habitude et j'ai du mal à me dire que tout va bien entre nous. Je m'attends sans cesse à la remarque qui tue, au coup de poignard dans le dos, mais rien ne vient. Tu es là, tu souris, je te sens comme libérée. Et je le suis aussi, même si beaucoup de choses restent en suspens. J'ai essayé d'aborder certains sujets avec toi mais revenir sur le passé t'est inadmissible. C'est fini, il est mort, on n'en parle plus. C'est si facile... et si dur en même temps car la souffrance a été là, et elle l'est toujours. Mais d'un autre côté, je me dis que tu as raison : regarder en avant, avancer, vivre l'instant présent, faire des projets pour le futur ... essayer d'oublier et pardonner ?

samedi 23 août 2008

Amen

Les obsèques ont eu lieu hier.
Il est parti en fumée, réduit en cendres.
Il voulait se faire incinérer, il ne reste plus de lui qu'une urne dans un cimetière. Et des souvenirs plein la tête.

J'ai pleuré de soulagement dimanche quand j'ai appris sa mort. Un de mes pires cauchemars se terminait enfin.
Il m'a gâché la vie pendant 27 ans, me traitant de folle à enfermer à l'asile, battant ma mère, ne cessant de prendre les gens pour des moins-que-rien, rabaissant sans cesse les autres par son comportement méprisant, violent et agressif.
L'odeur de bière a disparu de la maison, l'odeur de cigarette également. On peut enfin y respirer un air sain et ça fait du bien.
La maison semble vide, calme. Et ça aussi, on avait oublié ce que c'était.

Cette semaine fût très difficile car les gens ne sont pas au courant de la situation, ils ne l'ont jamais été.
Pendant des années, nous avons tous joué un rôle, celui de la parfaite petite famille sans histoires.
Dire qu'on se détestait, que notre quotidien était fait de son alcoolisme et de son agressivité, de ses coups, de ses insultes, ça paraîtrait incroyable aux yeux des gens. Ils le savaient sale caractère et souvent de mauvaise humeur, mais pas au point de battre sa femme et semer la terreur au sein de sa propre famille.
Et pourtant...

Toi, maman, tu vas très mal.
Car malgré tout ce mal, tu l'aimais. Il a été ton homme pendant 27 ans, il est difficile de passer outre, de faire comme si ça ne comptait pas.
Depuis une semaine, tu n'as presque pas dormi ni mangé et lors des funérailles hier, j'ai bien senti que tu étais prête à t'effondrer.

Pour ma part, je vais bien, mais jouer les hypocrites devant les gens a été très pénible pour moi. J'avais envie de leur dire la vérité, tout le mal que je pensais du défunt, leur dire que j'étais soulagée qu'il ne soit plus de ce monde, mais par respect pour toi, je n'ai rien dit, j'ai fermé ma gueule une dernière fois. J'ai tenu bon.

Je n'ai plus versé une seule larme et j'ai entendu quelques personnes se demander pourquoi je n'avais aucune réaction face à ce décès, pourquoi je ne pleurais pas l'homme qui s'était comporté comme un père avec moi.
Une fois de plus, je serai la fille sans coeur, la fille indigne, la méchante, mais je m'en fous. S'ils savaient...

Un autre n'a affiché aucune réaction : son propre fils.
Il a bien sûr fait un scandale à un certain moment, car il voulait montrer qu'il était là, mais il se fiche de son père, seul l'héritage l'intéresse et il l'a déjà montré : son père n'était même pas encore froid qu'il allait déjà chez le notaire pour tenter d'avoir une copie du testament !
Même moi qui n'aimait pas son père, je n'aurais jamais pu me comporter ainsi et manquer de respect à ce point. La moindre des choses aurait été d'attendre que les funérailles soient terminées et que le notaire fasse l'ouverture du testament en temps et en heures...

Les histoires de famille commencent déjà, alors qu'il n'était même pas encore inhumé...
Moi, je m'en fiche, je ne m'en mêle pas, mais je sais que toi, tu en verras des vertes et des pas mûres avec son fils.

Pour moi, c'est juste une nouvelle vie qui commence. Sans lui.
Les choses ont déjà un peu changé : cette semaine, nous préparions les funérailles et j'ai pu observer qu'on avait plus de facilités à communiquer, un vrai miracle.
Je ne sais pas si ça durera, mais qui sait...
Je ne suis pas prête à te pardonner, je n'oublierai jamais certaines choses, et j'ai encore tendance à ne pas vraiment vouloir de toi dans ma vie, mais tu restes la mamy de ma fille et si on peut avoir des relations plus calmes et arrêter de se prendre la tête, ça sera déjà ça de gagné.

Wait & See...

dimanche 17 août 2008

Voilà, c'est fini

C'est fini.
Il est décédé cet après-midi, vers 16h.
Je passais une journée tranquille à la mer avec la petite et deux amies et tu m'as téléphoné ce matin pour me dire qu'il avait été transféré aux urgences. Tu m'as rappelée l'après-midi pour m'annoncer son décès.
J'en ai perdu mes mots quelques minutes, la gorge nouée, les larmes.
Je ne pensais pas que ça me ferait cet effet. Sur le coup, j'étais vraiment triste, comme un gros vide. Mais ça m'est vite passé.
Les larmes de tristesse se sont très vite transformées en larmes de soulagement.
C'est fini.
Il n'est plus là pour faire du mal autour de lui, mon cauchemar prend fin avec lui.
Pendant des années, il a été horrible avec tout le monde autour de lui, rabaissant les autres, les traitant comme des moins que rien, il ne m'aimait pas et m'avait maintes fois dit que j'étais folle et qu'il fallait m'enfermer à l'asile. Je l'ai vu des centaines de fois abattre sa colère sur toi, te laisser pour morte, affalée dans un coin de la cuisine ou de la salle de bains, la tête en sang, le visage complètement explosé.
J'ai passé des nuits d'insomnie, à avoir peur de m'endormir et surtout de me réveiller en sueur, morte de trouille à l'idée qu'il soit toujours là à te massacrer en toute impunité.
Mon cauchemar est désormais fini, je vais enfin pouvoir tourner cette page-là.
Alors oui, je me sens triste, pour toi, parce que je sais que tu vis un moment très douloureux, mais je me sens libre, soulagée, presque bien...
Je lui souhaiterai quand même de reposer en paix... même si je ne suis pas sûre qu'il le mérite...

samedi 16 août 2008

Caché

L'instant que je redoutais est arrivé.
Je suis venue et... et rien. Absolument rien.
Juste un choc en le voyant : il est en effet très amaigri et son teint est jaune. Le foie est atteint, il a des métastases partout, qui se propagent. Le cancer prend un peu plus d'ampleur chaque jour.
Il dort énormément, et quand il ne dort pas, il est quand même ailleurs, il réagit peu à ce qui l'entoure.
Il porte la mort sur son visage.
Les médecins ne lui donnent pas plus de 3-4 semaines à vivre. Il sera probablement décédé pour septembre.
En le voyant ainsi, j'ai ressenti de la pitié : lui qui avait été si violent tout au long de sa vie n'était plus qu'un légume.

J'ai souvent senti dans ta voix que tu étais prête à craquer, j'ai souvent vu tes larmes aux yeux, ces larmes que je sais tu retiendras jusqu'au bout. Tu as toujours eu tellement de mal à avouer tes faiblesses...

A mon grand étonnement, aucun clash entre nous, aucun mot plus haut que l'autre. Je m'attendais pourtant à une liste de reproches mais il n'en fût rien. A tel point que je me suis entendue dire que si tu avais besoin d'aide, je serais là, que tu n'avais qu'à appeler et que je reviendrais aussitôt.

En le voyant là comme ça aujourd'hui, je crois que je lui ai pardonné.
Je me dis qu'il est assez puni pour tout le mal qu'il a pu faire durant sa vie et qu'il a au moins droit à mon pardon, au moins ça...
Je n'oublierai jamais, ça, non, mais je pense lui avoir pardonné aujourd'hui...
Cet homme était rongé par le mal et ce mal l'aura finalement mis KO.

Quant à toi, maman, je ne sais pas...
Tu m'as dit avoir déjà pris quelques dispositions pour son décès, pour ta vie "après", tout a l'air prévu à l'avance, ça me rassure.
Je sais que son fils te déteste et je ne voudrais pas qu'il puisse te mettre dehors, que tu te retrouves sans rien du jour au lendemain.
Je te sais forte et pugnace, j'en ai assez bavé moi-même depuis 30 ans pour le savoir, mais ton homme viendra de rendre l'âme, tu seras sans doute plus fragile, plus sensible, et je refuse que son fils en rajoute par son comportement foireux.

Tu m'as toujours fait beaucoup de mal, mais tu vois, ma rancoeur et ma souffrance n'ont pas fait de moi un monstre, je me fais quand même toujours du souci pour toi. J'ai dit des centaines de fois que je ne t'aimais pas, que je te détestais mais il faut croire qu'il me restait encore un peu d'amour, caché dans un coin...

mercredi 13 août 2008

Sophie ? ... Présente !

Les jours passent et son état se détériore.

Un appel de toi cet après-midi : son cancer lui monte au cerveau, il fait et dit des trucs bizarres, il oublie quel jour on est, il ne reconnaît plus les gens...
Il est toujours à la maison, l'hospitalisation n'est pas encore obligatoire, mais la situation devient critique.

Et il a encore de nombreuses phases où il est parfaitement lucide et vu le peu de temps qu'il lui reste à vivre, tu me demandes de venir une dernière fois le voir avec la petite.

Je n'ai pas envie qu'elle le voit dans cet état, qu'elle se demande pourquoi il ne se souvient pas d'elle, pourquoi il fait des choses bizarres comme rouler une tranche de jambon et essayer d'y mettre le feu pour la fumer, pensant que c'est une cigarette !
Elle n'a déjà de lui que l'image d'un alcoolique qui s'énerve tout le temps, je n'ai pas envie de lui laisser cette dernière image de lui, un homme qui perd la tête à cause de la maladie.

Je n'ai pas non plus envie de le voir.
Mêler la pitié que je ressens pour lui et son état actuel et toute la haine refoulée depuis tant d'années... Je crois que ce serait trop difficile...
Je meurs d'envie de profiter de ses derniers instants de lucidité pour lui cracher tout mon venin au visage, lui dire tout le mal qu'il a pu me faire pendant près de 30 ans, mais en même temps, une partie de moi, une infime partie, a quand même envie de lui pardonner...
C'est bizarre, d'ailleurs, d'osciller entre ces 2 sentiments : la haine et la pitié, la rancoeur et le pardon...

Je n'ai pas envie de venir le voir et pourtant, je crois que je le ferai.
Pas pour lui, ni pour ma fille. Encore moins pour moi... mais pour toi, maman... parce que malgré tout le mal que tu as pu me faire toi aussi, tu te retrouves seule pour gérer tout ça et je ne me donne pas le droit de vraiment t'abandonner dans cette épreuve. Je ferai donc acte de présence. Ne m'en demande pas plus.

mercredi 30 juillet 2008

Qui va à la chasse...

Tu m'as appelée pour me donner des nouvelles en cette fin d'après-midi : il va très mal. Son cancer se généralise petit à petit. Les médecins lui laissent seulement quelques semaines à vivre.
Tu le dis très amaigri, affaibli, il passe ses journées à dormir. Tu as même arrêté de travailler pour rester à ses côtés.
Ta voix tremble au téléphone, je te sens prête à craquer. Et moi, je reste stoïque, presque froide, à t'écouter me donner tous ces détails morbides. J'essaie de me protéger pour la suite, je garde mes distances, mais sache que ce n'est pas facile. Loin de là.
J'ai beau avoir coupé les ponts avec toi en janvier dernier et ne plus souhaiter te voir faire partie de ma vie, je ne peux m'empêcher de m'en faire pour toi.
Lui, je m'en fiche. Il crève et il n'a que ce qu'il mérite.
Après tout le mal qu'il a fait durant sa vie entière, le savoir en train de mourir ne me touche pas le moins du monde. Au contraire, j'attends sa mort, je sais que quelque part, ce sera un soulagement pour moi. Probablement pour toi aussi, qu'il passe ses journées à insulter et rabaisser. Après toutes ces années de violence et même à l'article de la mort, il continuera à te traiter de manière méprisante...
Il me donne envie de vomir.
Bizarrement, c'est alors qu'il approche de la fin, que mes problèmes d'estomac refont surface après des mois d'accalmie. Somatisation quand tu nous tiens...
Mon estomac me brûle littéralement depuis deux semaines, j'enfile gastro sur gastro, j'ai souvent des nausées. Je sais que mon ulcère se réveille et je me doute que ce doit être lié à sa mort prochaine. Je m'attends à ce que ça aille crescendo, que ça s'aggrave encore dans les prochains jours.
Mais je m'en veux quand même, je culpabilise un peu.
J'ai souhaité sa mort tellement souvent, pendant tellement d'années... Maintenant que ça se passe réellement, je m'en veux... j'avais souhaité qu'il meure dans d'atroces souffrances et c'est ce qui est en train d'arriver.
Je décompte les jours et je m'attends maintenant à ce qu'un coup de fil de toi, en larmes, vienne m'apprendre la nouvelle : il n'est plus là, il est mort. Et moi, je revivrai. Très probablement.

mercredi 16 juillet 2008

See you at the bitter end

Du fait de son cancer, tu refuses maintenant de voir trop souvent ta petite-fille. Il ne faudrait pas qu'elle voit la déchéance de celui qu'elle appelle papy...
Malgré tout, le w-end dernier, tu as demandé à l'avoir près de toi. Pour la féliciter de ses bons résultats scolaires, pour qu'elle puisse le voir une dernière fois avant la fin, pour inonder ses poches de billets de banque. Aussi.
Elle est rentrée dimanche avec 380 euros en poche. Enorme pour une enfant de même pas 10 ans.
Va faire les soldes avec elle, tu m'as dit... Rhabille-la pour la rentrée scolaire, c'est son cadeau vu qu'elle a bien travaillé à l'école.
Et tu lui as déjà promis un ordinateur portable l'année prochaine si elle réussit son année.
La carotte pour la faire avancer.
J'ai horreur de ça.
A 10 ans, a-t-elle besoin de 380 euros ?!
Tu as profité aussi qu'on se croisait sur ce quai de gare pour me donner un grand sac rempli de jouets, de jeux, de vêtements lui appartenant et qui restaient chez toi depuis des mois et des années. L'impression que tu vidais petit à petit ta maison.
Tu en as profité pour me dire que ton homme n'allait pas bien, son cancer le ronge de plus en plus, il fait de la chimio plusieurs fois par semaine, il ne pèse plus que 56 kilos.
Finalement, ce ne sera pas un cancer du foie, comme annoncé, mais bien du pancréas. Un des plus difficiles à soigner, d'autant qu'il en est déjà à un stade avancé. La plupart des malades ne survivent que quelques mois...
Alors tu sais qu'à son décès, il te faudra quitter la maison. Son fils se fera un malin plaisir de te mettre à la rue, lui qui nous a toujours détestées. Et là, je me demande ce qu'il adviendra de toi...
Après tout, tu restes ma mère. Et même si je ne veux plus te voir, ai-je le droit (et surtout aurais-je le courage jusqu'au bout) de te tourner le dos et te laisser là ?
Je ne sais pas. Je ne sais plus.
Sincèrement, je ne veux plus de toi dans ma vie, tu m'as fait assez de mal. Mais savoir qu'il te mettrait dehors... ai-je le droit de laisser faire ça ?
Au delà de tout ce mal, tu restes ma mère, la grand-mère de ma fille...
J'avoue que je me sens un peu perdue...
Je sais que c'est pour ça que tu m'as rendu tout ce qui appartenait à la petite, tu fais le vide avant qu'il soit trop tard.
Comme une impression que l'échéance approche...

lundi 7 juillet 2008

Comment te dire adieu ... ?

J'ai trouvé un appartement à 500 km d'ici. Je vais quitter ma ville, mon pays. M'installer à Paris.
Je pars pour le boulot, j'ai plus de chances de réussite là-bas et la plupart des contrats qu'on me propose sont basés en région parisienne.
Mais bien évidemment, tu ne le comprendras pas.
Pour toi, si je pars, c'est simplement pour te fuir. Tu ne comprendras décidément jamais rien. Et tu seras toujours bien égocentrique, à te prendre pour le centre de mon monde et croire que tout tourne autour de ta petite personne.
Ma vie, ce n'est pas toi, ce n'est plus toi. Je me fiche de toi, de ta vie, de ce que tu fais, de ce que tu dis, de ce que tu penses. Depuis environ 6 mois, nous ne nous parlons plus et je m'en porte très bien, merci.
Quand j'étais partie m'installer là-bas il y a 3 ans, tu m'avais déjà hurlé à la face que si je partais, c'était pour ne plus voir ma mère, pour couper les ponts avec elle. Ce n'était pas toute la vérité, mais tu ne te trompais quand même pas non plus : je partais avant tout pour moi, pour tenter de refaire ma vie ailleurs, pour le travail aussi, mais également pour ne plus te voir, que tu me foutes la paix, il ne faut pas se leurrer.
Aujourd'hui, tu me fous la paix. Je ne t'en laisse pas le choix. Mais pourtant, je repars quand même. Je n'aurais d'ailleurs jamais dû revenir.
Ce n'est donc pas pour te fuir que je pars, mais simplement pour moi, pour mon boulot, pour ma vie sociale aussi, parce que tous mes amis se trouvent là-bas et ici, je m'ennuie.

Je déménage donc dans un mois, mais tu ne le sais pas encore.
A vrai dire, je ne sais pas trop quand te l'annoncer, ni comment.
J'avais pensé à une lettre, mais j'écris déjà bien assez ici. Et j'avoue ne pas avoir envie de perdre mon temps à reformuler mes phrases pour essayer de ne pas trop te bousculer (hé oui, je sais que j'en arriverais encore à ça, histoire de te ménager... je suis décidément trop gentille).
J'avais pensé te le dire en face, mais je n'ai pas envie d'entendre tes reproches habituels, je n'ai pas envie de voir ton regard assassin, je n'ai pas envie de t'entendre dire à la petite que je fais tout pour vous séparer. Tu lui avais déjà dit ça il y a 3 ans, je n'ai pas envie que tu aies le plaisir de lui répéter.
Je pensais donc simplement déménager et, une fois installée là-bas, t'envoyer un message pour te donner mon nouveau numéro de téléphone et ma nouvelle adresse. Tu as après tout le droit de rester en contact avec ta petite-fille, il est donc tout à fait normal que je te communique nos nouvelles coordonnées.

Je sais que tes poils vont se hérisser, que tu vas probablement crier, pleurer et j'en passe, mais je ne veux pas le voir, je ne veux pas l'entendre, je ne veux même pas le savoir.
Je fais ma vie comme je l'entends, à toi de t'y accommoder.
En plus, 500 km, ça peut paraître loin, mais en train, c'est vite fait : la petite pourra être chez toi en 2h pour les vacances, tu pourras toujours la voir.

Je sais que je vais m'en prendre plein la tronche, je m'y suis préparée : mauvaise mère, fille indigne, je te fais du mal et patati et patata. Oui, je sais déjà tout ça, tu me l'as déjà tellement répété...
Mais sache que ça ne me fait plus rien. Tes remarques ne me touchent plus.
Venant de quelqu'un comme toi, il ne manquerait plus que ça...

jeudi 26 juin 2008

Lettre à l'absente

Ce soir, j'en ai gros sur la patate. Je ne sais pas pourquoi je viens écrire ça ici, comme si ça t'était adressé. Probablement que ça l'est, oui, quelque part, au fond. J'aurais eu envie de pouvoir en parler à quelqu'un, à toi peut-être, ou du moins à celle que tu aurais dû être, ma mère. Nous n'avons jamais su communiquer...
Et aujourd'hui, une fois de plus, le manque est là. Le manque d'avoir des parents dignes de ce nom.
Entre un père qui met les voiles avant ma naissance et une mère castratrice, comment faire pour trouver un équilibre ?
Je me sens constamment sur la corde raide, prête à tomber. Et j'ai d'ailleurs toujours cette envie de tomber. C'est comme un besoin viscéral de toucher le fond. Et ne plus jamais en remonter.
Mais j'ai une fille maintenant. Une merveilleuse petite fille. C'est elle qui me tire vers le haut, qui me fait avancer. Pour elle que je me bats et que j'essaie de m'en sortir. Mais ce n'est pas son rôle, elle n'a pas à faire ça, je n'ai pas à la poser en sauveuse de sa maman, je ne peux pas lui imposer ça.
Parfois, je la regarde et nos regards se croisent. Elle détourne vite le regard, elle fait semblant de faire autre chose, mais je vois bien qu'elle me regarde d'un air triste. J'essaie de sauvegarder les apparences, de lui montrer une maman en pleine forme, mais elle n'est pas dupe. Et je me dis qu'un jour, elle pensera peut-être les mêmes choses que moi de toi. Peut-être un jour me détestera-t-elle aussi...

Hier, elle a reçu ses résultats de fin d'année. Elle a bien réussi, elle passe en classe supérieure. Elle est 2ème de sa classe. Je suis fière d'elle, de mon bébé. Ma plus grande et ma seule réussite.
Et comme il fallait s'en douter, tu l'as appelée l'après-midi pour avoir ses résultats. Grand-mère attentive que tu fais là...
... mais quand elle t'a dit qu'elle était 2ème de sa classe, la remarque a vite fusé : "tu aurais pu faire un effort et être première". Et son sourire s'est effacé de son visage.
Je n'aime pas cette période de fin d'année scolaire, où l'on reçoit les résultats et où il faut forcément sortir premier de sa promotion. Je me revois à son âge, ton regard déçu et ta voix pleine de reproche parce que j'étais trop bête pour être première de ma classe. Non, il y avait toujours ce Cédric A. devant moi au palmarès, toujours avec son pourcent de plus que moi. Et il jubilait d'être premier et moi deuxième. Et je pleurais parce que ça voulait forcément dire que je n'étais pas assez bien à tes yeux.
"Que deuxième". Quelle honte.

Les reproches n'ont jamais cessé tout au long de ma vie. Je n'aurai jamais été à la hauteur de tes espérances.

Maintenant, tu ne fais plus partie de ma vie, mais ce poids du passé, je le porte encore tous les jours. Il est difficile de s'en défaire. Je ne réussis pas à me convaincre que tu avais tort, que j'avais tort également. J'essaie, j'y arrive parfois, mais je rechute souvent : ce n'est jamais assez. Je ne suis jamais assez bien, jamais assez forte, assez intelligente, assez belle, assez mince. Je suis même carrément grosse. Et pas baisable, il paraît.
Je me le suis pris dans la face 3 fois aujourd'hui : quand on a un excès de poids, on passe dans la catégorie des "pas-baisables". C'est ce que tu me disais déjà quand j'étais adolescente. Je n'étais pas grosse pourtant, à cette époque... J'avais de jolies formes, c'est tout... mais pour toi, j'étais horrible.
Aujourd'hui, ça continue. Ce n'est plus toi qui le dis mais des gens méchants, qui ne se rendent pas compte du mal qu'ils disent et qu'ils font, mais tant pis pour ma gueule. J'ai un problème de thyroïde, j'ai fait une dépression qui m'a fait prendre 20 kgs, je prends pleins de médicaments qui m'empêchent de perdre du poids comme je le voudrais, mais c'est bien fait pour ma gueule. Je suis trop grosse et pas baisable.
Ce n'est d'ailleurs pas "lui" qui dira le contraire, lui qui me respecte soi-disant trop pour me faire l'amour. Tu parles d'une excuse.

Toute ma vie, je me suis sentie moche. En grande partie, "grâce" à toi et à tes critiques constantes pendant l'enfance et l'adolescence. Tu ne m'as jamais appris à avoir confiance en moi.
Et si déjà, je ne réussis pas à plaire à ma propre mère, à qui d'autre le pourrais-je ?
Pas à moi, en tout cas.

Ce soir, une fois de plus, je me déteste.
Merci maman.

dimanche 22 juin 2008

persévère, mère sévère

Depuis des semaines, tu n'appelles plus pour prendre des nouvelles de la petite.
Elle a pourtant son propre téléphone, téléphone que je ne décroche jamais, tu le sais, mais rien n'y fait. Tu n'appelles plus.
Elle, elle se demande ce qu'elle a fait de mal. Comme moi au même âge.
Je me souviens de tes reproches et tes silences qui me glaçaient le sang, ton regard froid, ton indifférence. Pour me punir de je ne sais quoi. Je n'ai jamais su.
Non, je n'ai jamais su pourquoi tu étais comme ça avec moi. Qu'avais-je donc fait de mal pour mériter que tu sois comme ça avec moi ?
M'en voulais-tu du départ de mon père ? Comme si j'en étais responsable...
Maintenant, tu fais pareil avec ma fille : c'est avec moi que tu as un problème, mais c'est elle que tu punis.
Hier, tu lui manquais, elle s'est donc résolue à t'appeler mais l'appel, qui d'ordinaire dure au moins une heure, s'est terminé en quelques minutes. Tu lui as simplement demandé si ses examens s'étaient bien passés mais c'est tout. Elle ne savait même plus quoi te dire de peur de ta (non-)réaction et elle a vite raccroché.
Elle me demande souvent pourquoi tu es comme ça. Je ne trouve rien à lui dire. Comment lui expliquer que je n'ai jamais compris ma mère, que je n'ai jamais été comprise d'elle et qu'aucun effort n'a jamais été fait ?
Comment lui expliquer qu'il est parfois possible qu'une mère et sa fille ne s'aiment pas ? Pourrait-elle comprendre ça ?
J'essaie de lui expliquer que tous les enfants n'ont pas de bonnes relations avec leurs parents, mais elle ne comprend pas, elle trouve ça dommage et me dit qu'elle a de la chance d'avoir une mère comme moi.
Si tu savais comme j'aurais aimé pouvoir te dire ça, moi aussi...

mardi 10 juin 2008

Elle est folle, enfermez-la, elle est folle !

Il me revient souvent en mémoire des scènes du passé, des mots, des cris, des larmes. Cette sensation de vide à l'intérieur de moi, mon estomac qui se tord, cette peur panique qui me prend subitement. Ca me passe assez vite maintenant, heureusement, ce sont juste des flashs, mais suffisants pour me faire changer d'humeur assez rapidement.
J'apprends à me maîtriser un peu plus chaque jour et je dois dire que là, maintenant, ça va bien, ça va mieux.
Ce matin, une phrase me revenait sans arrêt : "elle est folle, il faut l'enfermer à l'asile".
Je me suis souvent demandé, ces dernières années, si finalement, il n'avait pas eu raison de répéter ça sans relâche. Peut-être suis-je vraiment folle ? Un danger pour les autres, une schizophrène à enfermer ?
J'essaie de me raisonner mais c'est dur. J'ai l'impression parfois d'avoir été conditionnée pour penser que je n'étais pas normale. Difficile d'oublier et de m'enlever ces idées de la tête définitivement.
Bien sûr, ça me fait culpabiliser. Je me dis que si quelque chose se passe mal, c'est forcément de ma faute. Puisque je suis folle. Puisque je ne suis pas normale. Je suis forcément fautive.
J'ai du mal à me défaire de ce sentiment de culpabilité. Je me répète sans cesse que si j'avais fait autrement, si j'avais dit autre chose, tout se serait passé différemment...
Je sais que ce n'est pas bien, on ne refait pas le passé, et tout n'est pas de ma faute, j'essaie de m'en persuader, mais c'est souvent si dur...
Je ne te dis pas merci pour ça non plus, maman... toutes ces fois où il a dit qu'il fallait m'interner et où tu n'as rien trouvé à lui répondre pour prendre ma défense. Ses mots ont été imprimés dans mon cerveau et j'ai l'impression que je ne pourrai jamais les effacer.

Je pense que je n'oublierai jamais non plus certains bruits et certaines odeurs. Celle insupportable de ses bouteilles de bière, l'odeur de poussière quand il faisait les travaux dans la maison, le bruit de ta tête cognant sur la baignoire quand il te battait, ses yeux rougis d'alcool et de colère quand il était sur le point de s'avancer vers toi. Il est des choses qu'on n'oublie jamais.
Et finalement, heureusement. C'est ce qui me permet de fuir maintenant les personnes violentes, agressives, repérer assez vite les alcooliques et les éviter au maximum. Mais la peur ne me quitte jamais, je ne me sens jamais en sécurité nulle part, avec personne.

Hier soir, la petite était dans la baignoire et comme à son habitude, elle jouait un peu dans l'eau. A un moment, son coude a cogné contre le rebord et le bruit sourd qui s'est fait entendre à ce moment m'a fait replonger 15 ans plus tôt : lui et toi, enfermés à clé dans la salle de bain, ses cris et ta tête qui cogne contre les murs, le lavabo, la baignoire. J'étais de l'autre côté de la porte, à la frapper et lui hurler d'arrêter, mais il n'arrêtait pas. Il n'arrêtait jamais. Tu étais tellement sonnée que tu n'avais même plus la force de réagir, d'émettre le moindre son, aucun gémissement, aucun râle, aucun cri. Ta tête comme putching-ball.
Quand il a enfin ouvert la porte, c'était pour me laisser ce spectacle des murs blancs devenus rouges, tes lèvres explosées, tes yeux ravagés, ton nez pissant le sang. Et toi, sans plus aucune réaction, la tête dans le bidet, affalée à côté de la baignoire.
Depuis 15 ans, cette scène me hante et me revient sans cesse, presque chaque nuit, elle m'empêche de dormir, elle me réveille. J'en arrive à avoir peur de fermer les yeux car je sais qu'il est fort probable pour que ces images peuplent mes cauchemards.

Depuis plusieurs années, il est resté très agressif, rabaissant et violent en paroles à ton égard. Vis-à-vis de moi et du reste du monde aussi. La bonne nouvelle est qu'il ne te bat plus. Il aura au moins arrêté ça. Et depuis plusieurs années, vu qu'il n'est plus violent physiquement, tu me demandes de faire des efforts, tu me reproches souvent de ne pas en faire pour qu'il y ait un bon climat entre nous, tu me dis que je suis de mauvaise volonté, qu'il ne mérite pas ça vu qu'il s'est calmé.
Mais maman, dis-moi, sérieusement : comment tu fais, toi, pour oublier tout ça ? Pour l'excuser, lui pardonner ? Avoir confiance ? L'aimer encore ? Ne pas lui en vouloir ? Comment tu fais, dis-moi ? Parce que depuis des années, des efforts, j'en ai fait, crois-moi, mais plus le temps passe et plus je lui en veux, plus je le déteste et plus mes envies de meurtre augmentent un peu plus chaque jour.
Je ne passerai pas à l'acte, ce n'est pas nécessaire, son cancer l'emportera, mais ce jour-là, sache que ce sera un des plus beaux jours de ma vie. Ce jour-là, je rirai. Et ce sera lui, le fou, enfermé... entre 4 planches.

jeudi 17 avril 2008

Verdict

Cancer du foie.
"Mais ce n'est pas à cause de la bière, le médecin l'a confirmé !"
Pourquoi tu le défends encore et toujours ?!
Quand tu m'as dit qu'il avait un cancer du foie, je n'ai rien répondu, je n'ai rien dit, absolument pas un mot. A vrai dire, je m'en foutais un peu. Mais tout de suite, il faut que tu sois là pour prendre sa défense "pas à cause de la bière".
Rhaaaaaaaa ! tu m'agaces !
Pour moi, de toute façon, c'est clair que c'est en grande partie à cause de ça. Il picole depuis 30 ans, tu crois sérieusement qu'il allait s'en sortir sans aucune séquelle ?!
Mon cul, oui !
En même temps, je m'en fous. Vraiment. C'est son problème, le tien, mais pas le mien, ça ne me regarde pas. Je suis désolée pour lui (nan nan, jsuis pas encore devenue un monstre), mais son présent et son futur m'importent peu. Il m'a suffisamment gâché l'existence, je n'ai pas l'intention de lui accorder une seule minute, je n'ai pas l'intention de m'apitoyer sur son pauvre petit sort.
Il est malade, c'est triste pour lui, mais c'est tout. Chapitre clos.

Par contre, avec toi, je n'en ai pas fini.
Toujours là à le défendre. J'en ai les poils qui se hérissent.

Il y a 2 semaines, la petite était en vacances et elle en a profité pour venir 4 jours chez toi.
Je ne veux plus de contacts avec vous deux, mais elle reste ta petite-fille et je ne veux pas qu'elle ou toi ayez quoi que ce soit à me reprocher donc je garde le cap : tu la vois de temps en temps, je ne m'y opposerai jamais.
Mais c'est pas l'envie qui manque. Surtout après ces 4 jours qu'elle a passé en votre compagnie.
Pendant ces 4 jours, il n'a pas arrêté de l'engueuler, la traitant comme une moins-que-rien. Elle n'avait rien fait de mal, mais tu n'as pas pris sa défense une seule fois, bien au contraire : tu n'as fait que trouver des excuses à ce monstre : "il est malade, ça le met de mauvaise humeur, il n'est pas bien, faut l'excuser" et blah et blah et blah ET BLAH !!!!!!!!!!
Merde, maman, ouvre les yeux, bon sang !!!!! Comme s'il avait attendu d'avoir ce cancer pour traiter les gens comme de la merde !!!! ça fait 30 ans que ça dure, redescends un peu sur terre !!!
Son cancer n'excuse rien ! Absolument rien ! Alors arrête de le défendre et de l'excuser lorsqu'il s'attaque à une gamine de 9 ans !
Elle est revenue en pleurs, en disant que son papy ne l'aimait pas, en se demandant une fois de plus ce qu'elle avait fait de mal et surtout en se demandant pourquoi sa mamy qu'elle aime tant n'avait pas pris sa défense.... Je me retiens de l'appeler et de l'insulter, jte jure...
Je me retiens également de t'appeler toi pour te dire tout le mal que je pense de toi, de lui, de vous, de votre comportement vis-à-vis des autres, que ce soit moi, la petite ou le monde entier.
Toujours cette propension à traiter les autres comme des chiens, vous croire mieux et supérieurs, plus beaux, plus intelligents. Mais oui, bien sûr, ce sont les autres qui sont cons et qui ne valent rien, comme c'est évident !
Bon. ça m'énerve. Je crois que je vais m'arrêter là pour aujourd'hui sinon jvais encore réveiller mon ulcère et c'est pas bon.
Sache juste que... les choses sont claires pour moi : je ne l'aime pas, je me fous de son état de santé. Et je ne t'aime pas non plus, maman. Je ne t'aime plus. Même pas un tout petit peu.

jeudi 13 mars 2008

Bad News

Nous ne sommes plus en contact mais les nouvelles continuent d'arriver, par d'autres personnes, et notamment par la petite quand tu l'appelles. J'avais dit que je prendrais sur moi pour ne pas rompre les liens entre vous deux et je m'y tiens. Difficilement, mais je m'y tiens.
Je ne vais pas te cacher mon dégoût de la savoir en contact avec toi, de savoir que tu peux lui dire les mêmes choses qu'à moi au même âge, lui foutre en l'air le cerveau. A petites doses, certes, puisque tu ne la vois pas très souvent, mais quand même. Je déteste la savoir en contact avec ton homme également, si on peut toujours appeler ça un "homme"...

Les nouvelles continuent donc d'arriver. Les dernières sont assez mauvaises. Ton homme, justement, alcoolique depuis de très nombreuses années, grand fumeur, lui qui a toujours fui les médecins, refusant constamment de se faire soigner, vient d'être admis à l'hôpital. C'est probablement un cancer des poumons. Ou de l'estomac. Ou les deux.
Tu attends les résultats en pleurant, seule.

Une partie de moi a envie de sourire : finalement, ça serait bien fait pour lui, après tout le mal qu'il a fait autour de lui, juste retour des choses, mais finalement, non, je ne souris pas, je ne suis pas devenue horrible à ce point.
En réalité, un sentiment bizarre m'habite : je suis désolée pour toi. Pas pour lui, non. Je ne suis pas heureuse de ce qui lui arrive, mais je n'en suis pas triste ou désolée pour autant, cela me laisse en fait complètement indifférente. Mais je suis triste pour toi. Je sais que beaucoup de choses sont arrivées à cause de lui, je sais ta peur de le quitter, de te retrouver seule, de n'être pas capable de refaire ta vie. Tu viens déjà de me perdre, je refuse déjà tout contact avec toi, alors si lui s'en va, il ne te restera que ma fille ... et si je pars m'installer ailleurs, comme je l'espère depuis plusieurs mois, comme je suis en ce moment en train de le préparer, tu te retrouveras vraiment seule.
ça ne me fait pas culpabiliser, non, j'ai passé ce stade depuis un moment déjà, mais je suis quand même triste pour toi, de voir ce que tu as fait de ta vie, de voir ce que tu récoltes après avoir semé tant de mal pendant toutes ces années : tu n'as plus de contacts avec personne dans la famille, même ta propre fille te rejette, ton homme est en train de mourir, c'est ça que tu voulais ? c'est comme ça que tu voulais finir ta vie ? rejetée de tous, seule, abandonnée, sans plus personne pour te tenir la main ?
Finalement, je me retrouve à avoir pitié de toi... mais ça ne me fera pas changer d'avis, je ne reprendrai pas contact avec toi, pas comme ça, pas là, pas maintenant. Je t'en veux encore trop, j'ai encore trop de rancoeur, je suis encore trop amère pour passer l'éponge... d'autant que je suis certaine qu'il te faut du temps avant de vraiment prendre conscience du mal que tu as fait, des erreurs que tu as commises, te remettre en question et changer.
Tu m'avais promis que tu essaierais de changer, mais essayer, ce n'est pas suffisant. Et je doute que la maladie de ton homme puisse y changer quoi que ce soit. Je refuse de te laisser profiter de la situation actuelle pour reprendre les cartes en mains, te laisser profiter de ma faiblesse, de la pitié que j'éprouve pour toi, ce serait trop facile.

C'est dur, je sais. Je suis vraiment désolée pour toi. Je vais probablement te paraître très froide et sans coeur en ces temps difficiles, mais c'est justement pour protéger mon coeur à moi que je continuerai de garder mes distances.
Excuse-moi, maman... mais si je veux vraiment me sauver, je n'ai pas le choix.

jeudi 21 février 2008

Je vais bien maintenant...

Un mois s'est écoulé depuis l'ouverture de mes vannes. Un mois s'est écoulé depuis que je t'ai vidé mon sac, depuis que j'ai enfin dit ce que j'avais sur le coeur depuis si longtemps.
L'affrontement fût difficile, les jours qui suivirent également.
Je retenais tellement de choses depuis tellement d'années...
Quand la vanne s'est ouverte, j'ai eu l'impression d'être un barrage : on ouvre les vannes et les trombes d'eau s'abattent de l'autre côté du haut mur de protection, elles inondent tout, ravagent tout sur leur passage.
Quand j'ai enfin craqué le mois dernier, je n'ai plus pu retenir quoi que ce soit. Ni avec toi, ni avec les autres. J'avais ouvert le tiroir, il me fallait le vider entièrement.
J'ai dit ce que je pensais à plusieurs personnes, j'en avais besoin. Je ne pouvais pas non plus faire autrement, je ne parvenais plus à me taire, à prendre sur moi, à faire semblant.
J'y ai laissé des amitiés, je pensais y avoir laissé mon amour aussi.
Certains amis ont compris et sont revenus, l'amour également, même si les choses restent difficiles.
J'ai besoin de me reconstruire maintenant. Je pose les briques doucement, une à une. Mais je ne veux plus reconstruire de barrage, de hauts murs, je veux construire un village rempli d'amour, de sourires, de bonne humeur, un village où tous seraient les bienvenus. Sauf toi.
ça fait bateau de parler de village plein d'amour, je sais, mais c'est vraiment ce que je voudrais.
Je n'ai jamais aimé le contact avec les autres, un ami disait de moi que j'étais comme une bête sauvage qu'on traque, toujours sur la défensive, toujours à me méfier des autres. Il avait raison.
Je ne veux plus être cette bête-là. Je veux avoir l'esprit en paix, me sentir libre, légère. Et c'est maintenant le cas. Un peu plus chaque jour.
Je n'ai toujours pas trop confiance en moi, mais je sais que ça viendra. Un jour. Il faut construire le village avant ça.
Je me sens apaisée, même si depuis quelques jours, la nervosité avait refait surface.
Je devais te revoir, ceci expliquant cela.
La petite est allée chez toi le w-end dernier et être amenée à te revoir après tout ça, j'avoue que ça me mettait un peu sur les nerfs. Je ne voulais pas d'un enième affrontement.
Il n'y en a pas eu.
Tu devais me déposer la petite à la gare et c'est ce que tu as fait, tout simplement. Tu ne m'as dit ni bonjour, ni aurevoir, tu n'as même pas osé me regarder en face. Tu as dit aurevoir à la petite et tu es très vite partie.
Pourquoi tu n'oses pas me regarder, maman ? Aurais-tu peur de moi ? Peur d'affronter et assumer tes responsabilités, reconnaître tes fautes ?
...
En fait, je m'en fiche. C'est mieux comme ça. J'ai l'esprit libre maintenant, c'est tout ce qui m'importe.

vendredi 25 janvier 2008

(a)mère

Tu ne me lâcheras décidément jamais.
Je suis fatiguée de tout ça, de toi.
Quand tu m'as rappelée ce lundi matin pour t'excuser de ton comportement de samedi au téléphone, j'ai eu envie de raccrocher, je ne voulais pas t'entendre, ta voix m'horripile. Mais j'ai été faible et je t'ai écoutée. Et j'ai été forte et je ne t'ai pas laissée me démolir une fois de plus.
Tu appelais soi-disant pour t'excuser mais tu as passé une heure à me reprocher mon comportement, encore et encore. Me dire que je ne te comprenais pas, que je ne faisais vraiment aucun effort, j'en passe et des meilleures...
Tu me fatigues vraiment.
J'ai l'impression de t'observer en train de te noyer dans un lac. Le lac est calme, aucun mouvement de l'eau, mais tu te débats dans tous les sens et ce sont tes propres gestes qui font que tu te noies. Je suis là à t'observer mais je ne bouge pas. Je ne te sauverai pas des eaux.
Tu as essayé de me culpabiliser en me disant que je passais plus de temps avec mes amis qu'avec toi. J'ai 30 ans, maman, n'est-ce pas normal ? C'est donc ça que tu veux ? Que je revienne me cacher dans tes jupes ? Que je redevienne foetus dans ton ventre ?

Lors de cet appel lundi matin, j'ai explosé. Pour la toute première fois de ma vie, j'ai enfin sorti les mots. Dingue comme ça soulage !! Mais quel mal aussi...
J'ai terminé l'appel téléphonique avec de la fièvre, je tremblais de partout, je ne pouvais plus m'arrêter de pleurer et j'avais mal au ventre. ça me faisait mal mais en même temps, j'avais l'impression d'un lavement, d'une purification : le mal était enfin sorti de moi, j'avais enfin pu te dire les mots à toi directement, tu les avais entendu... et comment ne pas les entendre, je hurlais au téléphone, je ne parvenais plus à me maîtriser... et pour la première fois, tu as bien compris que j'étais à bout, tu as pris conscience que j'allais vraiment mal et tu n'as plus rien dit, tu t'es tue, tu as écouté.

Avant de raccrocher, tu as promis de changer, de faire attention à l'avenir... mais je ne veux plus d'un avenir avec toi, il est trop tard. Tes excuses et tes regrets n'y changeront rien, le mal est fait.


La journée de lundi a été très dure pour moi, mais en même temps, depuis ce jour, je me sens mieux, plus calme, plus apaisée. Je crois qu'écrire ces mots et en parler avec d'autres personnes n'étaient pas suffisants, il fallait vraiment que je te les dise et que tu les entendes, que tu prennes vraiment conscience des choses.
Là, j'ai vraiment l'impression que c'est fait.
M'entendre hurler au téléphone, ça t'a bien calmée.
...
Tu savais que de toute ma vie, c'est la première fois que je hurlais ?
Depuis des années, les mots et les sons restaient coincés dans ma gorge, je ne parvenais jamais à crier. J'en avais besoin pourtant.
Certaines personnes avaient pris l'habitude de tenter de me pousser à bout pour que je finisse par m'énerver et crier, sortir tout ça de moi, mais ils n'y parvenaient pas. Au contraire, je devenais horrible avec eux, crachant mon venin de toutes autres façons possibles et imaginables.
Ce venin ne leur était pas destiné et je m'en veux d'avoir été parfois si odieuse avec eux.
Ce venin t'était en réalité destiné, à toi et quelques autres qui m'ont fait du mal, et cette fois, j'ai pu le sortir. Je ne le retournerai plus contre moi désormais, je ne me ferai plus de mal, je n'en ferai plus aux autres non plus.

Ce lundi, pour la première fois de ma vie, j'ai crié. Je suis libre maintenant.

dimanche 20 janvier 2008

Tout vient à point à qui sait attendre

Il t'aura fallu 16 jours pour répondre.
16 longues journées où je tentais de tourner la page une bonne fois pour toutes mais où je savais pertinemment que rien n'était fini, ç'aurait été trop simple...
16 journées donc à tenter de tourner la page, mais à être constamment sur les nerfs, sur le qui-vive, dans l'attente d'une réaction. J'étais toujours sur la défensive, parfois agressive avec les autres, je m'attendais au pire et ce pire ne venait pas.
Je crois d'ailleurs que c'est l'attente qui me mettait dans cet état, pas vraiment ta réaction, mais le fait d'être dans l'attente de cette réaction.
Elle est venue hier matin. Enfin.
Elle a sonné la libération, celle que j'attendais depuis si longtemps.
Elle m'a également confirmé, une fois de plus, que je n'avais rien à attendre de toi. Ô surprise...
Je t'ai laissé ce livre il y a 2 semaines. Il est suffisamment explicite, il me semble. Mais tu tiens toujours ton rôle de parent toxique. Jusqu'au bout.
Malgré sa lecture, tu ne te remets pas en question, tu ne reconnais toujours pas tes erreurs, tu continues de m'accuser de tous les torts : c'est moi la parano, c'est moi qui dramatise tout, c'est moi qui ne comprends rien, tu as toujours tout fait pour moi, pour m'aider, sans mauvaises pensées.
Oh ça, je le sais, maman, tu n'as jamais rien fait en pensant à mal... et pourtant...
Je ne réussis pas à t'en vouloir pour tout ça car je sais que la plupart était inconscient pour toi, mais que tu continues de mettre tes oeillères et ne pas reconnaître tes fautes, que tu continues de m'accuser, me culpabiliser, ça, non, je ne peux pas l'accepter. Je refuse ça.
Notre discussion d'hier matin est arrivée bêtement, comme c'est souvent le cas avec toi : je devais t'amener la petite pour le w-end et je me suis levée en retard, j'ai raté le train. Je t'ai envoyé un texto pour te prévenir que je prendrais le train une heure plus tard et ta réponse a été immédiate : "je savais que tu ne viendrais pas à l'heure que tu as dit"...
Pffffffff ça m'a saoûlée, jte jure !!! Comme si une heure de retard allait te tuer !
En temps normal, je n'aurais pas relevé, mais il me fallait mettre un terme définitif à toute cette mascarade, donc j'ai profité de l'occasion et je t'ai répondu : "oui, je sais, je suis une fille indigne et je te déçois, tu me l'as assez souvent répété..."
Ta réponse a été rapide, tu m'as appelée en hurlant que je dramatisais toujours tout, que j'étais parano, que tu n'avais jamais dit ça (!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!)
Tu te rends compte que tu nies là tes propres paroles ??!!
Le fait que je te déçoive, tu n'arrêtes pas de me le répéter depuis que je suis toute petite !!!!
Je ne suis jamais assez bien à tes yeux, il faut toujours que je fasse mieux, encore et toujours. A tes yeux, ma vie n'est qu'une succession d'erreurs ! Et là, tu oses prétendre que tu ne m'as jamais dit ça et que j'exagère !!!!
Je te jure, maman, que si tu avais été en face de moi à ce moment, je t'aurais mis une gifle.
J'en ai profité pour te rappeler ton texto il y a quelques mois, à l'occasion de la fête des pères : depuis que je suis petite, tu m'obliges à lui dire "bonne fête", à lui offrir des cadeaux alors qu'il n'est pas mon père, ne s'est jamais comporté comme tel, alors qu'il ne m'aime pas et que je le déteste tout autant. Cette année, je ne l'ai pas appelé et je n'ai rien acheté et la réaction a été là aussi immédiate : "une fois de plus, tu me déçois beaucoup. Après tout ce qu'il a fait pour toi..."
Ce qu'il a fait pour moi ???!!!!!!
Je te trouve légèrement gonflée ! Ou amnésique ?
Ce qu'il a fait pour moi ? battre ma mère, boire comme un trou depuis plus de 20 ans, m'insulter, me traiter comme la dernière des putes, répéter pendant des années qu'il fallait m'enfermer à l'asile, dénigrer mon mari, faire des remarques constantes sur ma fille ??!! Voilà ce qu'il a fait pour moi, maman. Tu as peut-être oublié ? Moi pas. Et tu crois que tout ça mérite un cadeau ? tu crois qu'un homme pareil me donne envie de l'appeler papa ou ne serait-ce que le considérer comme tel ??!!!!
Je t'ai également parlé de cette expo à Paris et de ta réaction quand je t'ai annoncé la nouvelle : plutôt que m'encourager, me soutenir, être contente pour moi, fière de ta fille, tu n'as fait que me casser, critiquer mon boulot, critiquer cette auteure que tu ne connais même pas, me dire que j'allais tomber plus bas que terre, que si je partais bosser à Paris j'allais une fois de plus (???!!!!!) abandonner ma fille, que j'étais une mauvaise mère. Je t'ai dit le mal que tes paroles me faisaient, mais encore une fois, tu m'as dit que j'exagérais, que tu n'avais jamais dit ça, que je dramatisais tout et que je prenais mal chacune de tes paroles.
Comment veux-tu que je prenne bien le fait que tu me traites de mauvaise mère et que tu ne croies pas en moi, que tu me casses depuis des années ?
Finalement, comme d'habitude, tu n'as pas supporté que je te dise tes vérités en face et tu m'as raccroché au nez en me disant de ne pas venir. J'ai donc prévenu ma fille, je lui ai dit que je ne l'amènerait pas chez toi et qu'en lieu et place, on monterait les nouveaux meubles de sa chambre.
Trente minutes plus tard, tu m'as renvoyé un texto me demandant de te prévenir si finalement, je venais ou pas. Je t'ai répondu que comme tu me l'avais demandé avant de me raccrocher au nez, je ne venais pas. Je ne faisais finalement que t'obéir... mais ça non plus, ça ne t'a pas plu.
A croire que tu veux me faire devenir chèvre ! Tu n'es jamais contente ! Tu n'arrêtes pas de changer d'avis et te contredire, me faisant passer pour folle !
"Non, je n'ai jamais dit ça" et gnagnagni et gnagnagna !
Va te faire foutre, maman.
J'ai coupé mon téléphone. Pour ne plus recevoir tes messages. Pour ne plus t'entendre.
Tu as probablement tenté de m'appeler mais voyant que j'avais coupé mon téléphone, tu as appelé sur le téléphone de la petite. Je prenais ma douche et plutôt que rappeler plus tard, tu as préféré t'énerver sur elle, lui dire qu'ON te faisait du mal et que si on ne venait pas chez toi ce w-end, alors il ne fallait plus jamais venir.
ON te fait du mal ??? Alors elle aussi ? Ma fille te fait du mal ??!!! Mais elle n'a RIEN fait, maman !!!! Pourquoi t'en prendre à elle ? Pourquoi lui avoir dit tout ça ? Pourquoi la mêler à nos disputes ? Elle n'a rien à voir dans toutes ces histoires !!!!!
Quand tu lui as à elle aussi raccroché au nez, elle est venue me transmettre le message dans la salle de bain. Elle était en pleurs et ne comprenait pas : sa mamy s'énervait sur elle sans raison, lui disait qu'elle lui faisait du mal, qu'il ne fallait plus qu'elle vienne la voir.
Tu auras réussi à lui foutre en l'air une bonne partie de sa journée. Elle n'a pas arrêté de pleurer, pensant avoir fait quelque chose de mal, ne comprenant pas ta réaction vis-à-vis d'elle qui n'avait rien fait et rien demandé. J'ai bien tenté de la rassurer, lui dire que mamy était simplement énervée contre moi et qu'elle n'avait rien à voir dans cette histoire, lui dire que mamy changerait d'avis quand elle serait calmée, qu'elle avait dit des choses qu'elle ne pensait pas. Mais encore une fois, c'est à moi de ramasser les pots cassés, de tenter de limiter les dégâts, reconstruire ce que tu casses.
Je trouve ton comportement inadmissible. Mêler ma fille à tout ça, c'était la chose à ne pas faire.
Donc comme tu l'as dit : "si on ne vient pas aujourd'hui, ne venez plus jamais", ce sera "plus jamais".
Que tu t'en prennes à moi et m'accuse de tous les torts, j'en ai l'habitude, maintenant ça ne me touche plus, j'ai pris le parti de sortir mon bouclier invisible et tes attaques entrent par une oreille et sortent par l'autre. Ce qui m'énerve, c'est que même quand on te met tes fautes sous les yeux, tu continues d'attaquer, de culpabiliser les autres et rejeter ta responsabilité.
Et la grosse erreur à ne pas commettre, c'était de t'en prendre à mon enfant : hier matin, en lui parlant au téléphone comme tu l'as fait, tu lui as fait beaucoup de mal. Ce n'était pas la première fois.... mais ce sera la dernière.
Tu viens de me donner là l'ultime raison pour couper court à toute relation entre nous. Désormais, je ferai comme tu as dit, ce que j'avais envie de faire depuis si longtemps : plus jamais.

jeudi 10 janvier 2008

Time to grow

Demain, ça fera une semaine que j'ai coupé les ponts avec toi. Et depuis ce jour, plus de nouvelles.
Et depuis ce jour, je me sens en stand-by. Je vais bien, je me sens soulagée, allégée, mais en même temps, je reste sur mes gardes, toujours sur la défensive. Je m'attends à la réaction, TA réaction.
Ce n'est pas trop ton genre, ce silence...
Mais peut-être te faut-il du temps pour digérer tout ça... ou alors peut-être vas-tu, pour la première fois de ta vie, respecter ma demande de ne pas me contacter ?

Notre dernière rencontre ne s'est pourtant pas mal passée.
Je savais que discuter avec toi serait totalement inutile. J'ai déjà essayé plusieurs fois par le passé et ça s'est toujours soldé par un échec : tu ne supportes pas qu'on te dise tes vérités, tu ne te remets jamais en question et, parano, tu te sens directement attaquée, même quand on parle calmement et qu'on tente simplement de t'expliquer les choses. Tu réponds toujours de manière agressive et tu attaques en retour, tu rejettes tes responsabilités.
Cette fois, j'avais donc pris la décision de m'éviter une discussion stérile avec toi. Nous nous sommes peu vues et c'est tant mieux, c'était d'autant plus facile...
En partant, j'ai fait la fille qui oublie son bouquin et je t'ai laissé ce livre, "Parents toxiques" de Susan Forward, ce livre dans lequel j'ai surligné en fluo tous les passages qui me parlaient, toutes les phrases qui décrivaient mon état d'esprit maintenant, celles qui décrivaient ce que j'ai pu vivre par le passé et tout le mal qui en résulte.
Uniquement en lisant ce bouquin, tu devrais comprendre et savoir.

Je t'avais écrit une longue lettre, mais finalement, je ne te l'ai pas donnée. Pas encore, pas tout de suite. Je pense que je vais attendre un peu et te l'envoyer par la poste un de ces jours.
Je voulais d'abord que tu lises ce bouquin et que tu prennes conscience de tout le mal que tu m'as fait pendant toutes ces années. C'est un livre qui ne parle pas de toi ni de moi, il évoque des situations XYZ, mais ça nous ressemble tellement...
La lettre suivra donc, celle qui décrit ma vie, mes souvenirs, mon état d'esprit à cette époque et mon état d'esprit maintenant. La lettre qui remettra les responsabilités là où elles doivent être et qui pourra un peu te rassurer : si j'ai décidé de couper les ponts avec toi, tu pourras quand même continuer à voir la petite. Mais à mes conditions. Si tu les refuses, il te restera à aller voir un juge et demander un droit de visite... qui te sera certainement refusé lorsque j'aurai transmis une copie de ma lettre à mon dossier. Alors libre à toi.

Tu comptes beaucoup pour ma fille et je ne veux pas être celle qui lui enlèvera sa grand-mère ; elle n'a pas à payer nos mauvaises relations. Mais bien sûr, je ne serai pas loin, je veillerai à ce que tu ne dérapes pas avec elle comme tu l'as fait avec moi : pas de critiques, pas de moqueries, pas de remarques à l'égard de ses parents.

Pour ma part, c'est terminé. Je ne veux plus avoir à faire avec toi. Et pour la première fois de ma vie, je me sens sereine et décidée, je ne changerai pas d'avis.

Alors oui, vas-y, traite-moi d'ingrate, de fille indigne, dis que j'ai profité de toi et que je te déçois.
Tu me l'as dit tellement souvent déjà... Ces paroles n'ont plus aucun effet sur moi, tu ne réussiras pas une fois de plus à me culpabiliser.

Le réveillon de Noël que nous avons passé ensemble a signé la fin de nos relations mère-fille, si tant est qu'on puisse dire que tu es une mère pour moi...
Je venais t'annoncer mon bonheur professionnel, t'expliquer que ta fille était enfin en train de réussir quelque chose dans sa vie, que des personnes connues et bien placées me contactaient et me faisaient confiance. Tu aurais dû te comporter en mère et me soutenir, m'encourager, être contente et fière, mais non, je n'ai ramassé que des critiques, des remarques désobligeantes, me rabaissant presque au rang des filles qui font le trottoir.
Et bien sûr, tu t'es permise, une fois de plus, de me traiter de mauvaise mère, dire que j'allais abandonner mon enfant et j'en passe...
Je te trouve sacrément gonflée de venir me donner des leçons alors qu'en tant que mauvaise mère, tu te poses là.

Je suis désolée de te l'apprendre, maman, tu pensais bien faire, tu pensais avoir réussi et être une bonne mère, mais tu as tout raté. Je sais que tu t'es pas mal sacrifiée pour moi, tu m'as beaucoup aidée à certains moments... mais ton aide m'était toujours imposée... et les reproches suivaient ensuite car "après tout ce que tu avais fait pour moi", je ne faisais pas ce que toi tu voulais, ce que toi tu avais décidé pour moi.
Oui, contrairement à ce que tu penses, tu as tout raté. Tu as raté ton rôle de mère, tu as raté mon éducation et surtout, tu m'as fait rater une bonne partie de ma vie. Cette enfance où j'aurais dû me fonder des bases solides, cette adolescence où j'aurais dû me construire, les débuts de ma vie d'adulte où j'aurais dû prendre confiance en moi et avancer... Tu n'as fait que tout briser, tout casser, tout saccager. Petit à petit.

Entre les réveillons de Noël et Nouvel an, j'ai donc beaucoup réfléchi, beaucoup cogité ; j'étais très mal, au bord de la crise de nerfs. Et j'en suis arrivée à la conclusion qu'il fallait que je te sorte de ma vie.
J'ai besoin de me construire et de me reconstruire et je ne pourrai jamais le faire si tu es toujours là à tout casser.
Cette année 2008 s'annonce très bonne pour moi et je ne veux plus que tu me gâches ma joie et mon plaisir.
Pour la dernière fois, je vais donc encore te décevoir : Adieu, maman.