jeudi 13 mars 2008

Bad News

Nous ne sommes plus en contact mais les nouvelles continuent d'arriver, par d'autres personnes, et notamment par la petite quand tu l'appelles. J'avais dit que je prendrais sur moi pour ne pas rompre les liens entre vous deux et je m'y tiens. Difficilement, mais je m'y tiens.
Je ne vais pas te cacher mon dégoût de la savoir en contact avec toi, de savoir que tu peux lui dire les mêmes choses qu'à moi au même âge, lui foutre en l'air le cerveau. A petites doses, certes, puisque tu ne la vois pas très souvent, mais quand même. Je déteste la savoir en contact avec ton homme également, si on peut toujours appeler ça un "homme"...

Les nouvelles continuent donc d'arriver. Les dernières sont assez mauvaises. Ton homme, justement, alcoolique depuis de très nombreuses années, grand fumeur, lui qui a toujours fui les médecins, refusant constamment de se faire soigner, vient d'être admis à l'hôpital. C'est probablement un cancer des poumons. Ou de l'estomac. Ou les deux.
Tu attends les résultats en pleurant, seule.

Une partie de moi a envie de sourire : finalement, ça serait bien fait pour lui, après tout le mal qu'il a fait autour de lui, juste retour des choses, mais finalement, non, je ne souris pas, je ne suis pas devenue horrible à ce point.
En réalité, un sentiment bizarre m'habite : je suis désolée pour toi. Pas pour lui, non. Je ne suis pas heureuse de ce qui lui arrive, mais je n'en suis pas triste ou désolée pour autant, cela me laisse en fait complètement indifférente. Mais je suis triste pour toi. Je sais que beaucoup de choses sont arrivées à cause de lui, je sais ta peur de le quitter, de te retrouver seule, de n'être pas capable de refaire ta vie. Tu viens déjà de me perdre, je refuse déjà tout contact avec toi, alors si lui s'en va, il ne te restera que ma fille ... et si je pars m'installer ailleurs, comme je l'espère depuis plusieurs mois, comme je suis en ce moment en train de le préparer, tu te retrouveras vraiment seule.
ça ne me fait pas culpabiliser, non, j'ai passé ce stade depuis un moment déjà, mais je suis quand même triste pour toi, de voir ce que tu as fait de ta vie, de voir ce que tu récoltes après avoir semé tant de mal pendant toutes ces années : tu n'as plus de contacts avec personne dans la famille, même ta propre fille te rejette, ton homme est en train de mourir, c'est ça que tu voulais ? c'est comme ça que tu voulais finir ta vie ? rejetée de tous, seule, abandonnée, sans plus personne pour te tenir la main ?
Finalement, je me retrouve à avoir pitié de toi... mais ça ne me fera pas changer d'avis, je ne reprendrai pas contact avec toi, pas comme ça, pas là, pas maintenant. Je t'en veux encore trop, j'ai encore trop de rancoeur, je suis encore trop amère pour passer l'éponge... d'autant que je suis certaine qu'il te faut du temps avant de vraiment prendre conscience du mal que tu as fait, des erreurs que tu as commises, te remettre en question et changer.
Tu m'avais promis que tu essaierais de changer, mais essayer, ce n'est pas suffisant. Et je doute que la maladie de ton homme puisse y changer quoi que ce soit. Je refuse de te laisser profiter de la situation actuelle pour reprendre les cartes en mains, te laisser profiter de ma faiblesse, de la pitié que j'éprouve pour toi, ce serait trop facile.

C'est dur, je sais. Je suis vraiment désolée pour toi. Je vais probablement te paraître très froide et sans coeur en ces temps difficiles, mais c'est justement pour protéger mon coeur à moi que je continuerai de garder mes distances.
Excuse-moi, maman... mais si je veux vraiment me sauver, je n'ai pas le choix.