mercredi 30 juillet 2008

Qui va à la chasse...

Tu m'as appelée pour me donner des nouvelles en cette fin d'après-midi : il va très mal. Son cancer se généralise petit à petit. Les médecins lui laissent seulement quelques semaines à vivre.
Tu le dis très amaigri, affaibli, il passe ses journées à dormir. Tu as même arrêté de travailler pour rester à ses côtés.
Ta voix tremble au téléphone, je te sens prête à craquer. Et moi, je reste stoïque, presque froide, à t'écouter me donner tous ces détails morbides. J'essaie de me protéger pour la suite, je garde mes distances, mais sache que ce n'est pas facile. Loin de là.
J'ai beau avoir coupé les ponts avec toi en janvier dernier et ne plus souhaiter te voir faire partie de ma vie, je ne peux m'empêcher de m'en faire pour toi.
Lui, je m'en fiche. Il crève et il n'a que ce qu'il mérite.
Après tout le mal qu'il a fait durant sa vie entière, le savoir en train de mourir ne me touche pas le moins du monde. Au contraire, j'attends sa mort, je sais que quelque part, ce sera un soulagement pour moi. Probablement pour toi aussi, qu'il passe ses journées à insulter et rabaisser. Après toutes ces années de violence et même à l'article de la mort, il continuera à te traiter de manière méprisante...
Il me donne envie de vomir.
Bizarrement, c'est alors qu'il approche de la fin, que mes problèmes d'estomac refont surface après des mois d'accalmie. Somatisation quand tu nous tiens...
Mon estomac me brûle littéralement depuis deux semaines, j'enfile gastro sur gastro, j'ai souvent des nausées. Je sais que mon ulcère se réveille et je me doute que ce doit être lié à sa mort prochaine. Je m'attends à ce que ça aille crescendo, que ça s'aggrave encore dans les prochains jours.
Mais je m'en veux quand même, je culpabilise un peu.
J'ai souhaité sa mort tellement souvent, pendant tellement d'années... Maintenant que ça se passe réellement, je m'en veux... j'avais souhaité qu'il meure dans d'atroces souffrances et c'est ce qui est en train d'arriver.
Je décompte les jours et je m'attends maintenant à ce qu'un coup de fil de toi, en larmes, vienne m'apprendre la nouvelle : il n'est plus là, il est mort. Et moi, je revivrai. Très probablement.

mercredi 16 juillet 2008

See you at the bitter end

Du fait de son cancer, tu refuses maintenant de voir trop souvent ta petite-fille. Il ne faudrait pas qu'elle voit la déchéance de celui qu'elle appelle papy...
Malgré tout, le w-end dernier, tu as demandé à l'avoir près de toi. Pour la féliciter de ses bons résultats scolaires, pour qu'elle puisse le voir une dernière fois avant la fin, pour inonder ses poches de billets de banque. Aussi.
Elle est rentrée dimanche avec 380 euros en poche. Enorme pour une enfant de même pas 10 ans.
Va faire les soldes avec elle, tu m'as dit... Rhabille-la pour la rentrée scolaire, c'est son cadeau vu qu'elle a bien travaillé à l'école.
Et tu lui as déjà promis un ordinateur portable l'année prochaine si elle réussit son année.
La carotte pour la faire avancer.
J'ai horreur de ça.
A 10 ans, a-t-elle besoin de 380 euros ?!
Tu as profité aussi qu'on se croisait sur ce quai de gare pour me donner un grand sac rempli de jouets, de jeux, de vêtements lui appartenant et qui restaient chez toi depuis des mois et des années. L'impression que tu vidais petit à petit ta maison.
Tu en as profité pour me dire que ton homme n'allait pas bien, son cancer le ronge de plus en plus, il fait de la chimio plusieurs fois par semaine, il ne pèse plus que 56 kilos.
Finalement, ce ne sera pas un cancer du foie, comme annoncé, mais bien du pancréas. Un des plus difficiles à soigner, d'autant qu'il en est déjà à un stade avancé. La plupart des malades ne survivent que quelques mois...
Alors tu sais qu'à son décès, il te faudra quitter la maison. Son fils se fera un malin plaisir de te mettre à la rue, lui qui nous a toujours détestées. Et là, je me demande ce qu'il adviendra de toi...
Après tout, tu restes ma mère. Et même si je ne veux plus te voir, ai-je le droit (et surtout aurais-je le courage jusqu'au bout) de te tourner le dos et te laisser là ?
Je ne sais pas. Je ne sais plus.
Sincèrement, je ne veux plus de toi dans ma vie, tu m'as fait assez de mal. Mais savoir qu'il te mettrait dehors... ai-je le droit de laisser faire ça ?
Au delà de tout ce mal, tu restes ma mère, la grand-mère de ma fille...
J'avoue que je me sens un peu perdue...
Je sais que c'est pour ça que tu m'as rendu tout ce qui appartenait à la petite, tu fais le vide avant qu'il soit trop tard.
Comme une impression que l'échéance approche...

lundi 7 juillet 2008

Comment te dire adieu ... ?

J'ai trouvé un appartement à 500 km d'ici. Je vais quitter ma ville, mon pays. M'installer à Paris.
Je pars pour le boulot, j'ai plus de chances de réussite là-bas et la plupart des contrats qu'on me propose sont basés en région parisienne.
Mais bien évidemment, tu ne le comprendras pas.
Pour toi, si je pars, c'est simplement pour te fuir. Tu ne comprendras décidément jamais rien. Et tu seras toujours bien égocentrique, à te prendre pour le centre de mon monde et croire que tout tourne autour de ta petite personne.
Ma vie, ce n'est pas toi, ce n'est plus toi. Je me fiche de toi, de ta vie, de ce que tu fais, de ce que tu dis, de ce que tu penses. Depuis environ 6 mois, nous ne nous parlons plus et je m'en porte très bien, merci.
Quand j'étais partie m'installer là-bas il y a 3 ans, tu m'avais déjà hurlé à la face que si je partais, c'était pour ne plus voir ma mère, pour couper les ponts avec elle. Ce n'était pas toute la vérité, mais tu ne te trompais quand même pas non plus : je partais avant tout pour moi, pour tenter de refaire ma vie ailleurs, pour le travail aussi, mais également pour ne plus te voir, que tu me foutes la paix, il ne faut pas se leurrer.
Aujourd'hui, tu me fous la paix. Je ne t'en laisse pas le choix. Mais pourtant, je repars quand même. Je n'aurais d'ailleurs jamais dû revenir.
Ce n'est donc pas pour te fuir que je pars, mais simplement pour moi, pour mon boulot, pour ma vie sociale aussi, parce que tous mes amis se trouvent là-bas et ici, je m'ennuie.

Je déménage donc dans un mois, mais tu ne le sais pas encore.
A vrai dire, je ne sais pas trop quand te l'annoncer, ni comment.
J'avais pensé à une lettre, mais j'écris déjà bien assez ici. Et j'avoue ne pas avoir envie de perdre mon temps à reformuler mes phrases pour essayer de ne pas trop te bousculer (hé oui, je sais que j'en arriverais encore à ça, histoire de te ménager... je suis décidément trop gentille).
J'avais pensé te le dire en face, mais je n'ai pas envie d'entendre tes reproches habituels, je n'ai pas envie de voir ton regard assassin, je n'ai pas envie de t'entendre dire à la petite que je fais tout pour vous séparer. Tu lui avais déjà dit ça il y a 3 ans, je n'ai pas envie que tu aies le plaisir de lui répéter.
Je pensais donc simplement déménager et, une fois installée là-bas, t'envoyer un message pour te donner mon nouveau numéro de téléphone et ma nouvelle adresse. Tu as après tout le droit de rester en contact avec ta petite-fille, il est donc tout à fait normal que je te communique nos nouvelles coordonnées.

Je sais que tes poils vont se hérisser, que tu vas probablement crier, pleurer et j'en passe, mais je ne veux pas le voir, je ne veux pas l'entendre, je ne veux même pas le savoir.
Je fais ma vie comme je l'entends, à toi de t'y accommoder.
En plus, 500 km, ça peut paraître loin, mais en train, c'est vite fait : la petite pourra être chez toi en 2h pour les vacances, tu pourras toujours la voir.

Je sais que je vais m'en prendre plein la tronche, je m'y suis préparée : mauvaise mère, fille indigne, je te fais du mal et patati et patata. Oui, je sais déjà tout ça, tu me l'as déjà tellement répété...
Mais sache que ça ne me fait plus rien. Tes remarques ne me touchent plus.
Venant de quelqu'un comme toi, il ne manquerait plus que ça...