mercredi 1 octobre 2008

On n'oublie jamais rien, on vit avec

45 jours qu'il est décédé.
45 jours que mon cauchemard est terminé. Enfin, presque.
Parce que oui, le souvenir de ces moments horribles reste à jamais gravé en moi.
Je me souviens l'odeur de ton sang, maman, quand il te battait et te laissait pour morte à même le sol. Je me souviens de l'odeur de la bière et de la cigarette, mélange nauséeux qu'il a fallu supporter pendant si longtemps. Je me souviens du bruit de ta tête heurtant le bord de la baignoire, les coups successifs et incessants. Je me souviens de tes cris me réveillant la nuit.
Et je me réveille encore en sursaut, en sueur, 15 ans plus tard.
Mais les choses ont changé. Il n'est plus là.
Il faut maintenant s'habituer à son absence et à la liberté retrouvée. C'est dingue comme je vois les choses autrement, comme nos vies ont déjà changé en si peu de temps. Au delà de ta tristesse, je te vois doucement revivre, reprendre goût aux choses simples, celles que tu avais oubliées.
Depuis le jour de sa mort, tu t'intéresses à moi, à ma vie professionnelle, à mes amours. Je ne savais pas ce que c'était d'avoir une mère, maintenant je sais.
Je n'en ai pas l'habitude et j'ai du mal à me dire que tout va bien entre nous. Je m'attends sans cesse à la remarque qui tue, au coup de poignard dans le dos, mais rien ne vient. Tu es là, tu souris, je te sens comme libérée. Et je le suis aussi, même si beaucoup de choses restent en suspens. J'ai essayé d'aborder certains sujets avec toi mais revenir sur le passé t'est inadmissible. C'est fini, il est mort, on n'en parle plus. C'est si facile... et si dur en même temps car la souffrance a été là, et elle l'est toujours. Mais d'un autre côté, je me dis que tu as raison : regarder en avant, avancer, vivre l'instant présent, faire des projets pour le futur ... essayer d'oublier et pardonner ?

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