vendredi 25 janvier 2008

(a)mère

Tu ne me lâcheras décidément jamais.
Je suis fatiguée de tout ça, de toi.
Quand tu m'as rappelée ce lundi matin pour t'excuser de ton comportement de samedi au téléphone, j'ai eu envie de raccrocher, je ne voulais pas t'entendre, ta voix m'horripile. Mais j'ai été faible et je t'ai écoutée. Et j'ai été forte et je ne t'ai pas laissée me démolir une fois de plus.
Tu appelais soi-disant pour t'excuser mais tu as passé une heure à me reprocher mon comportement, encore et encore. Me dire que je ne te comprenais pas, que je ne faisais vraiment aucun effort, j'en passe et des meilleures...
Tu me fatigues vraiment.
J'ai l'impression de t'observer en train de te noyer dans un lac. Le lac est calme, aucun mouvement de l'eau, mais tu te débats dans tous les sens et ce sont tes propres gestes qui font que tu te noies. Je suis là à t'observer mais je ne bouge pas. Je ne te sauverai pas des eaux.
Tu as essayé de me culpabiliser en me disant que je passais plus de temps avec mes amis qu'avec toi. J'ai 30 ans, maman, n'est-ce pas normal ? C'est donc ça que tu veux ? Que je revienne me cacher dans tes jupes ? Que je redevienne foetus dans ton ventre ?

Lors de cet appel lundi matin, j'ai explosé. Pour la toute première fois de ma vie, j'ai enfin sorti les mots. Dingue comme ça soulage !! Mais quel mal aussi...
J'ai terminé l'appel téléphonique avec de la fièvre, je tremblais de partout, je ne pouvais plus m'arrêter de pleurer et j'avais mal au ventre. ça me faisait mal mais en même temps, j'avais l'impression d'un lavement, d'une purification : le mal était enfin sorti de moi, j'avais enfin pu te dire les mots à toi directement, tu les avais entendu... et comment ne pas les entendre, je hurlais au téléphone, je ne parvenais plus à me maîtriser... et pour la première fois, tu as bien compris que j'étais à bout, tu as pris conscience que j'allais vraiment mal et tu n'as plus rien dit, tu t'es tue, tu as écouté.

Avant de raccrocher, tu as promis de changer, de faire attention à l'avenir... mais je ne veux plus d'un avenir avec toi, il est trop tard. Tes excuses et tes regrets n'y changeront rien, le mal est fait.


La journée de lundi a été très dure pour moi, mais en même temps, depuis ce jour, je me sens mieux, plus calme, plus apaisée. Je crois qu'écrire ces mots et en parler avec d'autres personnes n'étaient pas suffisants, il fallait vraiment que je te les dise et que tu les entendes, que tu prennes vraiment conscience des choses.
Là, j'ai vraiment l'impression que c'est fait.
M'entendre hurler au téléphone, ça t'a bien calmée.
...
Tu savais que de toute ma vie, c'est la première fois que je hurlais ?
Depuis des années, les mots et les sons restaient coincés dans ma gorge, je ne parvenais jamais à crier. J'en avais besoin pourtant.
Certaines personnes avaient pris l'habitude de tenter de me pousser à bout pour que je finisse par m'énerver et crier, sortir tout ça de moi, mais ils n'y parvenaient pas. Au contraire, je devenais horrible avec eux, crachant mon venin de toutes autres façons possibles et imaginables.
Ce venin ne leur était pas destiné et je m'en veux d'avoir été parfois si odieuse avec eux.
Ce venin t'était en réalité destiné, à toi et quelques autres qui m'ont fait du mal, et cette fois, j'ai pu le sortir. Je ne le retournerai plus contre moi désormais, je ne me ferai plus de mal, je n'en ferai plus aux autres non plus.

Ce lundi, pour la première fois de ma vie, j'ai crié. Je suis libre maintenant.

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