mardi 25 décembre 2007

Tu parles d'un cadeau...

Comment ai-je pu être assez bête pour y croire, une fois de plus ?
Comment ai-je pu espérer que tout était en train de changer ?
Je suis venue avec le sourire, première fois depuis bien longtemps, les bras chargés de cadeaux et une fois de plus, le sourire s'est envolé et c'est en regardant mes pieds que je suis rentrée chez moi.
Pourquoi tu es comme ça avec moi ? As-tu vraiment décidé de passer ta vie à gâcher la mienne ?
Qu'est-ce que je t'ai fait, bordel de Dieu ??!!

Depuis deux mois, tout allait mieux, tu avais tellement changé... Trop pour être vrai... Trop pour que ça dure...
J'avais raison de rester sur mes gardes. Je m'en voulais mais j'avais raison, je le savais, je le sentais... mais bêtement, je pensais que tu attendrais que les fêtes soient passées... Quelle conne !

Bien sûr, ta coutume à toi veut que les cadeaux soient réservés uniquement aux enfants. Tu as décidé depuis bien longtemps que les adultes n'y avaient pas droit. Super Noël...
Malgré tout, vu notre bonne entente depuis deux mois, et afin de fêter notre premier Noël ensemble depuis 10 ans, je suis venue les bras chargés de cadeaux... que tu as ouverts en râlant, parce que j'avais, selon toi, fait des frais inutiles.
"Tu sais bien que chez moi, les cadeaux, c'est que pour les enfants", "j'ai l'air de quoi, moi, maintenant, avec tes cadeaux alors que je n'ai rien à t'offrir", "tu aurais pu me le dire", "t'es même pas fichue de respecter les coutumes"...
Ben justement, maman, la coutume à Noël, c'est d'offrir des cadeaux aux gens qu'on aime... et là, j'avais juste envie de te faire plaisir... Je me fiche de ta coutume de n'offrir des cadeaux qu'aux enfants !! Je n'attendais pas de cadeaux en retour, loin de là... Juste un sourire... Etait-ce trop demandé ?!
Je n'avais jamais vu quelqu'un faire cette tête parce qu'on lui offrait des cadeaux ! Et à côté de ça, râler parce que je n'avais pas envoyé de carte de voeux !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Une carte de voeux est donc à tes yeux plus importante qu'un cadeau... Hé bien les prochaines années, tu te contenteras de ça... et encore... j'hésite vraiment, ce soir...

Evidemment, ces 3 jours chez toi ne se sont pas résumés à ça : ton homme, alcoolique depuis 20 ans, déjà saoûl à 10h du matin.
Bien sûr, en cette période de fêtes, on ne fait pas trop attention, mais lui, c'est toute l'année... et c'est la mauvaise humeur qui l'accompagne toute l'année également, les critiques, les remarques désobligeantes, les insultes. Il te traite comme un chien, comme une moins-que-rien et tu ne bouges pas. C'est ton choix de vie, je ne dis plus rien, mais en cette période de fêtes et devant les gens, il pourrait faire un effort, non ?
Non.

Si je venais avec le sourire, c'était aussi parce que je venais t'annoncer une bonne nouvelle. Je pensais innocemment que tu serais heureuse pour moi.
Je venais te dire que j'allais faire une grosse expo en 2008 avec une auteure très connue, que j'allais suivre mon cousin en concert pour le photographier et lui faire la pochette de son prochain album, que je bossais sur un gros projet de bouquin ; en bref, qu'au niveau professionnel, ça démarrait enfin vraiment, et qu'en 2008, ça serait même carrément génial, et tout ce que j'ai eu comme réaction de ta part, ce sont des remarques négatives, des critiques. Aucune joie, aucune fierté, rien.
C'est dur de voir les personnes qui sont censées nous porter le plus sur cette terre ne soient pas heureuses des choses positives qui peuvent nous arriver.
Une mère, c'est censé pousser son enfant, l'encourager, le féliciter s'il réussit. Une mère est censée être fière de la réussite de sa progéniture, non ?
Non. Pas toi.
Ta spécialité, c'est de descendre les gens, les démonter, détruire toute leur joie et tous leurs espoirs. Et je le sais maintenant : je ne pourrai jamais compter sur ton appui et ton soutien, je ne pourrai jamais compter sur ma mère, celle qui m'a mise au monde.

Je t'ai dit que j'allais travailler avec une auteure de romans érotiques et que pour cette expo, j'allais photographier du nu ou des trucs à tendance un peu érotique. Je t'ai bien précisé "pas de porno", mais non, rien à faire : sous prétexte que je vais photographier du nu, et EN PLUS en collaboration avec une auteure de romans érotiques, ça y est, je sombre dans la déchéance, dans la perversité, je suis assimilable aux putes qui traînent sur les trottoirs les plus malfamés de la ville.

Tu massacres mon travail alors que tu n'as jamais pris la peine de t'intéresser à mon boulot !
Tu massacres mon aptitude à faire une expo sous prétexte que j'avais arrêté mes études de photo pour cause de grossesse.
Tu critiques cette auteure connue et reconnue sans jamais avoir lu un seul de ses bouquins, sans même la connaître. Sous prétexte que ça touche au domaine de la sexualité et de la sensualité, c'est forcément, pour toi, assimilable au sale, au porno glauque, aux pervers, aux arnaques en tous genres, aux abus.
Tu ne crois pas en moi, en ton propre enfant... et que va dire la famille quand ils sauront ??!!

Tu ne t'es jamais intéressée à mon travail et sans savoir, tu critiques tout. Tu as forcément raison, oui, c'est sûr.

J'avais bien essayé de te montrer mon travail il y a quelques temps : je t'avais fait un CD regroupant quelques photos.
Tant que je photographiais ma fille ou mes chats, ça te convenait parfaitement, mais dès que tu as vu Yann torse nu ou le décolleté de Stéphanie, tu m'avais regardée de travers. On ne voyait pourtant rien de répréhensible... Heureusement que je ne t'ai pas montré le reste !
Puis cette photo de moi... on ne voyait que mon reflet dans le miroir, ma tête et mes épaules dénudées, rien d'autre, et ce fût le choc pour toi. Voir mes épaules en photo, c'était comme si tu avais vu le diable en personne. On n'y voyait même pas de décolleté, non, juste mon reflet dans le miroir, reflet coupé au niveau des épaules, et c'en était déjà trop pour toi.
Oui, heureusement que je ne t'ai pas montré le reste...
Tu es coincée, ok j'accepte. Chacun son truc. Mais de là à démonter mon travail et critiquer cette future expo, cette auteure qui veut bosser avec moi... tu devrais plutôt être contente pour moi, être fière, m'encourager...

Puis le point sensible : l'expo se fera à Paris.
Paris. LE mot à ne pas prononcer en ta présence.
J'y étais partie il y a 2 ans et demi, en pleine dépression, pour couper les ponts avec ma vie d'ici, pour couper les ponts avec toi. J'y étais partie plusieurs mois, n'ayant plus aucun contact avec toi pendant toute cette période. La meilleure de ma vie.
Ces mois loin de toi, sans plus aucun contact avec toi, m'ont été salutaires. Ils m'ont fait un bien fou.
Tu sais que j'étais partie à cause de toi. Je ne voulais plus te voir, t'entendre. J'avais interdit à quiconque de me parler de toi. Et j'étais bien. Vraiment bien. Un peu paradoxal quand on sait que j'étais en pleine dépression, mais pourtant tellement vrai.
Quand je suis revenue, j'allais mieux, mais petit à petit, tu as fait ta réapparition dans ma vie, tentant d'en prendre le contrôle un peu plus chaque jour.
Je me rends d'ailleurs compte que m'offrir ce piano pour mes 30 ans, ce n'était pas si innocent que ça : quand tu fais des cadeaux, tu attends toujours que la personne qui les reçoit te soit redevable. C'est une manière pour toi de contrôler les autres, d'asseoir ton autorité, les culpabiliser s'ils ne font pas ce que tu as décidé. Des cadeaux toujours empoisonnés.

Le mot a donc été laché : Paris.
Ta fille sera amenée à s'y rendre de plus en plus souvent, pour le boulot.
Je sais que tu redoutes une chose : que je retourne m'y installer. Alors autant te le dire de suite : c'est dans mes projets depuis le jour où j'étais revenue ici il y a 2 ans. En réalité, je n'ai jamais voulu revenir. Si je l'ai fait, c'est parce que j'avais fait l'erreur de partir trop vite, sur un coup de tête, sans vraiment prendre le temps de préparer les choses et, surtout, j'étais partie en laissant ma fille chez son père, pensant qu'elle viendrait me rejoindre plus tard.
Les choses ayant été mal préparées, le temps passait et je ne la voyais pas venir me rejoindre avant plusieurs mois. Elle me manquait trop alors je suis revenue. Pour elle. Pas pour toi.
Je suis revenue pour elle, mais en gardant bien à l'esprit que je referais le chemin en sens inverse dès que l'occasion m'en serait donnée. Parce que Paris, pour toi, c'est la ville maudite, celle qui t'enlève ta fille, mais pour moi, c'est l'endroit où j'ai vécu les meilleurs moments de ma vie : loin de toi. Il est donc pour moi évident que j'y retournerai et que je couperai à nouveau les ponts avec toi. Le plus tôt sera le mieux.
Mais bon... cette fois, je veux bien préparer les choses, ne pas partir à la légère et surtout, emmener ma fille avec moi, ne plus la laisser chez son père.
Là, les choses se mettent en place : je passerai encore plus de temps à Paris cette année, et bien sûr, ça te stresse.
Histoire de m'empêcher de repartir, tu as déjà tenté la culpabilisation pendant ces 3 jours passés ensemble : on était là pour passer Noël ensemble, mais non, tout a été prétexte à enfoncer le clou : "tu es déjà partie là-bas et revenue en 2 temps 3 mouvements", "tu vas encore abandonner ta fille", "tu la prends pour un paquet de lessive, tu la ballottes d'un endroit à l'autre", "et qui va s'occuper de ta fille quand tu seras à Paris", "tu as voulu un enfant, il serait temps de penser à elle et assumer", "tu vas encore partir et te vautrer", "tu vas te retrouver sans rien", "on va se foutre de toi", "tu vas tout rater et c'est encore moi qui devrai ramasser les pots cassés", ...
Tu m'as clairement dit que tu préfèrerais me voir rester ici et être au chômage, sans rien avoir à mettre à manger dans l'assiette de mon enfant à la fin du mois, plutôt que me voir réussir mon expo à Paris ! C'est sympa, jte jure...
Pour toi, l'important est que je reste ici, sous ta coupe, à te laisser diriger ma vie, prendre les décisions qui te chantent, décider de tout, offrir tes cadeaux empoisonnés et massacrer ma vie, mon moral... Le fait que je réussisse ma vie professionnelle, tu t'en fous complètement.
Tu préfères me voir ramer ici, c'est tellement plus gratifiant pour toi, de te dire que tu es là pour sauver ta fille de la misère.

Alors cette fois, que les choses soient claires : VA TE FAIRE FOUTRE !
J'en ai marre de t'entendre me dire que je suis une mauvaise mère, que je ne réussirai jamais dans la vie, que sans toi je ne suis rien, que mon expo va me faire sombrer, que je vais tout rater, qu'on va m'arnaquer, etc...
Je t'interdis de me traiter de mauvaise mère, car sérieux, niveau mauvaise mère, tu te poses là ! Je ne suis pas parfaite, loin de là, mais je n'ai vraiment pas l'impression d'être une mauvaise maman, que du contraire : je l'écoute, je l'aime, je l'encourage, je la soutiens, je la pousse, je la respecte et je la laisse libre de ses choix. Tout ce que toi, tu n'as jamais fait pour moi. Je te trouve d'ailleurs vachement gonflée d'oser venir te poser en donneuse de leçons !
Je t'interdis d'encore venir me dire que j'ai abandonné mon enfant en partant à Paris il y a 2 ans et demi et que je vais encore l'abandonner dans les mois qui viennent. Je t'interdis de me le dire et je t'interdis aussi, encore plus, de lui dire à elle !!! Car je sais que tu ne t'es pas gênée par le passé !
Je n'ai jamais abandonné mon enfant : elle était sous la bonne garde de son papa !! Et j'étais en contact téléphonique tous les jours avec elle, sans compter les heures passées sur internet avec la webcam. Elle devait venir me rejoindre une fois que j'aurais trouvé un logement adapté pour elle et moi, je n'ai jamais pensé une seule seconde à me séparer d'elle.
Je ne compte pas non plus me séparer d'elle et l'abandonner dans les prochains mois : j'irai bosser à Paris les w-ends et pendant les congés scolaires, quand elle sera chez son père. Et si d'aventures, je devais me déplacer là-bas en semaine, quand elle est chez moi, je demanderais à quelqu'un de venir la garder à la maison et je ne m'absenterais que quelques jours. Et le jour où j'irai de nouveau me réinstaller là-bas, elle viendra avec moi, plus question de la laisser.
Et si je fais tout ça, c'est pour réussir ma vie professionnelle, car quoi que tu puisses en penser, réussir dans son boulot, c'est important. ça l'est pour moi. Parce que je veux justement que ma fille soit fière de moi. Parce que ça me permettrait de lui offrir une vie meilleure. Puis elle ne sera pas toujours là, elle va grandir et voler de ses propres ailes, et alors là, je ferai quoi ?
Alors oui, je vais bosser et faire cette expo et ça va marcher, je vais réussir. Que ça te plaise ou non. Et traite-moi de fille de mauvaise vie parce que je photographie du nu si ça te chante. Et traite-moi de fille indigne parce que je ne suis pas reconnaissante de tes cadeaux empoisonnés si ça te chante.
Mais je t'interdis à nouveau de dire que je vais partir en abandonnant ma fille, je t'interdis de me traiter de mauvaise mère.
Non mais sérieux, tu te rends compte des accusations que tu portes ??!!! Tu te rends compte du traumatisme que tu veux faire subir à ma fille en lui disant de telles choses ??!!! Tu n'en as donc pas suffisamment fait avec moi ??!!! Il faut en plus que tu démontes la vie de ma fille ??!!

C'est pour ça que je veux partir. Pour t'empêcher de lui faire autant de mal que tu m'en as toujours fait.

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