samedi 16 août 2008

Caché

L'instant que je redoutais est arrivé.
Je suis venue et... et rien. Absolument rien.
Juste un choc en le voyant : il est en effet très amaigri et son teint est jaune. Le foie est atteint, il a des métastases partout, qui se propagent. Le cancer prend un peu plus d'ampleur chaque jour.
Il dort énormément, et quand il ne dort pas, il est quand même ailleurs, il réagit peu à ce qui l'entoure.
Il porte la mort sur son visage.
Les médecins ne lui donnent pas plus de 3-4 semaines à vivre. Il sera probablement décédé pour septembre.
En le voyant ainsi, j'ai ressenti de la pitié : lui qui avait été si violent tout au long de sa vie n'était plus qu'un légume.

J'ai souvent senti dans ta voix que tu étais prête à craquer, j'ai souvent vu tes larmes aux yeux, ces larmes que je sais tu retiendras jusqu'au bout. Tu as toujours eu tellement de mal à avouer tes faiblesses...

A mon grand étonnement, aucun clash entre nous, aucun mot plus haut que l'autre. Je m'attendais pourtant à une liste de reproches mais il n'en fût rien. A tel point que je me suis entendue dire que si tu avais besoin d'aide, je serais là, que tu n'avais qu'à appeler et que je reviendrais aussitôt.

En le voyant là comme ça aujourd'hui, je crois que je lui ai pardonné.
Je me dis qu'il est assez puni pour tout le mal qu'il a pu faire durant sa vie et qu'il a au moins droit à mon pardon, au moins ça...
Je n'oublierai jamais, ça, non, mais je pense lui avoir pardonné aujourd'hui...
Cet homme était rongé par le mal et ce mal l'aura finalement mis KO.

Quant à toi, maman, je ne sais pas...
Tu m'as dit avoir déjà pris quelques dispositions pour son décès, pour ta vie "après", tout a l'air prévu à l'avance, ça me rassure.
Je sais que son fils te déteste et je ne voudrais pas qu'il puisse te mettre dehors, que tu te retrouves sans rien du jour au lendemain.
Je te sais forte et pugnace, j'en ai assez bavé moi-même depuis 30 ans pour le savoir, mais ton homme viendra de rendre l'âme, tu seras sans doute plus fragile, plus sensible, et je refuse que son fils en rajoute par son comportement foireux.

Tu m'as toujours fait beaucoup de mal, mais tu vois, ma rancoeur et ma souffrance n'ont pas fait de moi un monstre, je me fais quand même toujours du souci pour toi. J'ai dit des centaines de fois que je ne t'aimais pas, que je te détestais mais il faut croire qu'il me restait encore un peu d'amour, caché dans un coin...

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