mercredi 13 août 2008

Sophie ? ... Présente !

Les jours passent et son état se détériore.

Un appel de toi cet après-midi : son cancer lui monte au cerveau, il fait et dit des trucs bizarres, il oublie quel jour on est, il ne reconnaît plus les gens...
Il est toujours à la maison, l'hospitalisation n'est pas encore obligatoire, mais la situation devient critique.

Et il a encore de nombreuses phases où il est parfaitement lucide et vu le peu de temps qu'il lui reste à vivre, tu me demandes de venir une dernière fois le voir avec la petite.

Je n'ai pas envie qu'elle le voit dans cet état, qu'elle se demande pourquoi il ne se souvient pas d'elle, pourquoi il fait des choses bizarres comme rouler une tranche de jambon et essayer d'y mettre le feu pour la fumer, pensant que c'est une cigarette !
Elle n'a déjà de lui que l'image d'un alcoolique qui s'énerve tout le temps, je n'ai pas envie de lui laisser cette dernière image de lui, un homme qui perd la tête à cause de la maladie.

Je n'ai pas non plus envie de le voir.
Mêler la pitié que je ressens pour lui et son état actuel et toute la haine refoulée depuis tant d'années... Je crois que ce serait trop difficile...
Je meurs d'envie de profiter de ses derniers instants de lucidité pour lui cracher tout mon venin au visage, lui dire tout le mal qu'il a pu me faire pendant près de 30 ans, mais en même temps, une partie de moi, une infime partie, a quand même envie de lui pardonner...
C'est bizarre, d'ailleurs, d'osciller entre ces 2 sentiments : la haine et la pitié, la rancoeur et le pardon...

Je n'ai pas envie de venir le voir et pourtant, je crois que je le ferai.
Pas pour lui, ni pour ma fille. Encore moins pour moi... mais pour toi, maman... parce que malgré tout le mal que tu as pu me faire toi aussi, tu te retrouves seule pour gérer tout ça et je ne me donne pas le droit de vraiment t'abandonner dans cette épreuve. Je ferai donc acte de présence. Ne m'en demande pas plus.

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